L’Assemblée nationale a approuvé à l’unanimité, dans la nuit de mardi à ce mercredi 4 décembre, quelques heures avant d’examiner la motion de censure contre le gouvernement Barnier, le remboursement intégral des fauteuils roulants par l’assurance-maladie. Et ce, malgré les réserves du gouvernement en sursis qui prônait une autre méthode pour parvenir à un résultat similaire.
En direct > Motions de censure contre le gouvernement Barnier : l’examen débute mercredi après-midi
« Certains dispositifs ont un coût élevé », mais « la dignité de celles et ceux qui s’en servent au quotidien, elle, n’a pas de prix », a affirmé le rapporteur du texte, Sébastien Peytavie (Génération. s, membre du groupe écologiste et social).
La proposition de loi portée par Sébastien Peytavie – lui-même paraplégique depuis l’âge de 3 ans – stipule que les fauteuils roulants « font l’objet d’une prise en charge intégrale par les organismes d’assurance-maladie », avec la participation éventuelle des complémentaires santé et de la prestation compensatoire du handicap (PCH).
Une promesse de Macron
Ce vote intervient alors que le gouvernement a annoncé aux associations un décret « avant la fin de l’année » pour mettre en œuvre ce remboursement intégral, une promesse d’Emmanuel Macron remontant à avril 2023.
« Nous poursuivons pleinement le même objectif » que celui de la proposition de loi, mais avec une « vraie divergence quant à la méthode », a commenté lors du débat la ministre déléguée chargée des Personnes en situation de handicap Charlotte Parmentier-Lecocq.
Remboursement des fauteuils roulants : vers la fin du casse-tête financier pour les fauteuils les plus spécifiques ?Cette question, a-t-elle rappelé, fait l’objet de négociations entre la Sécurité sociale, les fabricants et les distributeurs de fauteuils, afin de parvenir à des prix encadrés. Or, la proposition de loi de Sébastien Peytavie précise que les fauteuils « sont exempts d’un prix de vente maximal ».
« Mon fauteuil coûte 8 500 euros. Dans la réforme proposée par le gouvernement, qui fixe un plafond de 6 300 euros pour ce type » d’équipement, « il ne serait donc plus du tout pris en charge », a expliqué le rapporteur.
« Ce n’est pas un luxe »
Selon lui, le prix limite de vente est un mécanisme « injuste », « inefficace » et « inadapté » aux besoins spécifiques des personnes handicapées, dont certaines doivent « lancer des cagnottes » ou recourir à un crédit pour financer leur équipement.
Le député a évoqué ses « sept fauteuils en 39 ans de paraplégie », ses « points de suture » à cause d’un fauteuil qui se repliait trop facilement, ou le « frottement d’un dossier trop haut » qui lui « usait la peau à même les omoplates ».
« Ce n’est pas un luxe que d’avoir un fauteuil adapté à ses besoins », or « plus une personne a des besoins spécifiques, plus son reste à charge est conséquent », a argumenté Sébastien Peytavie.
Son texte, approuvé en première lecture à l’Assemblée, doit encore être présenté au Sénat. A moins que « le gouvernement, ou le prochain, présente un décret sans prix limite de vente », a-t-il dit à l’AFP après le vote.